Honnêtement, j'avais pensé à un autre adjectif pour qualifier ces fatwas.

Mais ma réserve naturelle,  ma décence intrinsèque, mon sens de la mesure et, accessoirement, les consignes de la direction, me poussent à choisir la voie de l'euphémisme. Mais vous pouvez imaginer n'importe quel adjectif commençant par un c, comportant un o et moins de trois n...

Or donc, il existe des fatwas dont la hauteur de vue spirituelle n'apparait pas évidente à première vue. A deuxième vue non plus, réflexion faite.

Ces fatwas ne sont pas le reflet de l'islam. Juste celui de quelques lacunes regrettables de la part de leurs auteurs.

Voici cinq fatwas parmi les moins brillantes cueillies dans l'actualité la plus récente. Il va sans dire qu'il y a des fatwas hors concours comme celle qui vise Salman Rushdie. Fatwa pour voiler les fillettes à partir de l'âge de deux ans

Auteur : cheikh Abdallah Al-Daoud

Lors d'une intervention sur la chaîne d'émissions religieuses Al-Majd, le prédicateur saoudien Abdallah Al-Daoud a estimé qu'il fallait « imposer le hijab  aux fillettes à partir de deux ans ». Selon la tradition musulmane, les filles doivent porter le voile couvrant les cheveux à partir de la puberté. « Si la fillette peut susciter un certain désir, ses parents doivent lui couvrir le visage et lui imposer le voile (...) pour ne pas tenter » les pervers, a estimé le prédicateur. Et des pervers, il y en a, c'est vrai. Comme cet autre Saoudien, l'imam Fayhan al-Ghamdi qui a violé, brûlé, brisé les côtes et tué sa fille de cinq ans. Il a été relâché moyennent une amende de 36.000 euros (environ). Je trouve cette fatwa un peu laxiste, pas vous ? Ne pensez-vous pas qu'il faudrait enfin se décider à voiler les images des embryons de sexe féminin lors des échographies ? Les petites filles, c'est haram.

Fatwa contre les ralentisseurs sur les routes Auteur : Conseil indonésien des Oulémas.

Elle proclame que les ralentisseurs sur les routes ne sont pas conformes aux valeurs de l'islam. Ces dignitaires religieux estiment que les ralentisseurs devaient être bannis dans la province de Kalimantan, sur l'île de Bornéo, au motif qu'ils empêcheraient les voitures et les deux-roues de circuler librement et qu'ils causeraient des accidents. Vous ne voyez pas le rapport entre l'islam et les ralentisseurs de vitesse ? Peu de monde en Indonésie est parvenu à comprendre cette prise de position. Le chef du Conseil indonésien des Oulémas fait référence au prophète Mahomet, qui aurait dit en son temps qu'aucun obstacle n'est censé obstruer la circulation dans les rues. Les embouteillages, c'est haram !

Fatwa contre des lycéennes musulmanes rockeuses Auteur : le grand mufti indien Ahmad Bashiruddin

La plus haute autorité religieuse sunnite de l'Etat du Jammu et Cachemire, en Inde, a lancé une fatwa contre trois lycéennes d'une quinzaine d'années, rockeuses du groupe Praakaash (littéralement « de l'obscurité à la lumière », en fait elles viennent d'expérimenter le chemin inverse). Leur tort : avoir donné à Srinagar un concert sans être voilées et devant des hommes. Le grand mufti Bashiruddin Ahmad  conseille aux femmes de chanter uniquement chez elles devant des membres féminins de leur famille. A voix basse aussi ? Voilées derrière un paravent ? La musique, c'est haram.

Fatwa contre la Saint-Valentin Auteur : le Jakim, département malais du développement islamique

La Malaisie, pays fédéral de 29 millions d'habitants, compte deux tiers de Musulmans - le reste de la population étant majoritairement d'ethnie chinoise, et de confession bouddhiste, taoïste ou chrétienne. Son islam est réputé modéré, mais comme en Iran et Arabie Saoudite, la Saint-Valentin est boycottée. En 2005, le Jakim, l'autorité musulmane fédérale a officiellement émis une fatwa contre « ce piège à vices ». La Saint-Valentin pousse à mettre son aimé sur un piédestal, or l'idolâtrie est le premier péché. Mais ce que craignent vraiment les religieux, c'est que «le baiser volé dans un parc ne mène à des relations sexuelles hors mariage». L'amour, c'est haram.

Fatwa contre le mariage civil Auteur : le grand mufti de la République libanaise, cheikh Mohammad Rachid Kabbani

Le chrétien maronite Michel Sleiman, président de la République libanaise, plaide pour la reconnaissance du mariage civil dans le cadre de la mise en place d'un « Etat laïc moderne ». Par contre, le cheikh sunnite Mohammad Rachid Kabbani, mufti de la République, fulmine contre une telle idée. Le 12 février, le mufti faisait connaître la position officielle de l'autorité sunnite: « Tout responsable musulman qui approuve la légalisation du mariage civil est considéré comme apostat et traître à la religion musulmane ! » Fermez le ban. Ou plutôt ne les publiez pas. Le civil, c'est haram.

Bon, je publierais bien une fatwa contre les fatwas idiotes. Mais je ferais sans doute moi-même l'objet d'une fatwa car il est évident que je n'ai pas le droit de publier une fatwa. D'ailleurs, je plaisante, je plaisante. Gentil, gentil, on se calme. Pas taper. Je ne ferais jamais ça. Non, jamais. L'humour, c'est haram.